Après son quatrième pèlerinage à la Mecque, le conseiller de la MUDEVA apporte de pertinents éclaircissements sur le Hadj puis exhorte les fils et fils du Moronou à vivre une solide fraternité. Parcourons l’interview qu’il a accordée à l’équipe de rédaction du site web du Moronou : ande-paysdor
Andé-paysdor : Vous revenez du pèlerinage à la Mecque. Mais avant tout, dites-nous, pourquoi il est nécessaire pour un musulman d’effectuer au moins un pèlerinage à la Mecque durant sa vie.
EL HADJ BD : Tout d’abord, permettez-moi de vous remercier pour avoir initié cette interview qui permettra d’éclairer, en partie les lecteurs sur les fondements du pèlerinage musulman ou Hadj. Il s’agit ici de donner les grandes lignes étant entendu que le Hadj comporte des nuances et des subtilités qui ne pourraient être développées dans un tel entretien.
Le Hadj est le cinquième et dernier pilier de l’islam et il est obligatoire au moins une fois pour tout musulman ayant les moyens de l’effectuer. Ces moyens sont financiers et physiques. Cela signifie en clair que celui qui ne peut pas se payer ce séjour spirituel avec des moyens acquis de façon licite ou qui a des soucis de santé (physique ou mental) qui ne peuvent pas lui permettre d’effectuer les rites du Hadj, doit s’abstenir et cela n’aura aucune incidence ni sur sa foi ni sur ses récompenses auprès d’Allah. Le Prophète de l’islam Mohamed (Paix et salut sur Lui et ses compagnons) a effectué le Hadj une seule fois avec ses compagnons selon un itinéraire précis et des rites précis et a recommandé aux musulmans d’effectuer le Hadj comme il l’a effectué avec ses compagnons. Le Hadj se fait à des dates précises définies selon le calendrier lunaire hégirien. En dehors de ce pèlerinage, le musulman peut effectuer la Oumra ou petit pèlerinage qui a lieu à tout moment de l’année selon des rites très précis également. Il faut préciser que la Oumra ne saurait remplacer le Hadj quel que soit le nombre de fois que vous l’auriez fait.
Andé-paysdor : Avez-vous d’autres conditions à préciser?
EL HADJ BD : En plus des conditions citées plus haut, le candidat au pèlerinage doit être en possession de toutes ses facultés mentales et doit avoir l’âge de la majorité. Ceux qui n’ont pas l’âge de la majorité peuvent effectuer le Hadj, mais ils n’y sont nullement contraints.
Andé-paysdor : Dans quels esprits avez-vous préparé ce grand moment en Arabie Saoudite ?
EL HADJ BD : C’est dans la discrétion que j’ai commencé à préparer ce voyage spirituel depuis 7 ans. Je l’ai effectué pour ma mère décédée le 3 octobre 1997 (il y a 20 ans). C’est l’occasion de préciser que la possibilité est donnée à tout musulman qui a déjà fait le Hadj d’effectuer le Hadj pour un autre musulman décédé ou dans l’incapacité absolue de l’effectuer. Je rappelle que j’ai effectué le Hadj pour moi-même en 1998. Je l’ai effectué en 2006/2007 pour mon père dont la santé était devenue très précaire. Vous pourrez bien comprendre maintenant pourquoi ce Hadj revêt un caractère particulier pour moi. L’émotion pour moi était très grande le jour où j’avais terminé les rites du Hadj. C’était pour moi l’un de mes vœux qui me tenait à cœur le plus qu’Allah venait d’exaucer.
Andé-paysdor : Donnez-nous un aperçu du déroulement du pèlerinage.
EL HADJ BD: Le pèlerinage à la Mecque est composé de rites clairs qui s’effectuent sur des espaces précis et à des moments précis. Il commence le 9ème jour du dernier mois du calendrier hégirien par la station d’Arafat. Arafat est une grande plaine où tous les fidèles en état de sacralisation doivent se retrouver ce jour-là au plus tard à midi. La sacralisation consiste à faire la grande ablution (purification du corps) et à ne porter que 2 étoffes blancs et des sandales non couvertes au-dessus des pieds. Le pèlerin en état de sacralisation ne porte pas de sous-vêtements et ne se couvre pas la tête. Il lui est interdit d’ôter la vie à toute espèce vivante, de contracter un mariage ou d’avoir des relations intimes avec son conjoint. Les pèlerins font des invocations jusqu’à l’heure de la prière et combinent les 2 prières (celles de 13heures et 16heures) en les réduisant (prières du voyageur). Ils continuent ensuite les invocations jusqu’au coucher du soleil mais n’y passent pas la nuit. Il faut souligner que celui qui rate la station d’Arafat a raté le Hadj, il doit revenir l’année suivante pour accomplir son Hadj si Dieu le lui permet.
Après Arafat, le pèlerin se dirige vers Muzdalifa, une autre vallée où il doit arriver avant l’aube. A cet endroit le pèlerin ramasse au moins 49 petites pierres qui vont lui permettre de lapider Satan.
Après la prière de l’aube, le pèlerin se dirige vers Mina, une grande plaine où il lapide le grand Satan avec 7 pierres avant de regagner sa tente. Il s’y rase, se désacralise en partie, c’est-à-dire qu’il porte maintenant les vêtements ordinaires, mais observe les autres interdits. Il se dirige ensuite vers la Mecque pour faire le Tawaf (7 tours autours de la Kaaba) et le Safa et Marwa (7 aller ou retour entre 2 collines appelées Safa et Marwa).
Le pèlerin retourne à Mina où il passe 2 jours supplémentaires. Il lapide une fois et chaque jour les 3 Satans (le petit, le moyen et le grand) avec 7 pierres par Satan. Vous comprenez maintenant les raisons pour lesquelles le pèlerin doit prendre au moins 49 pierres pour la lapidation.
Après ce séjour de Mina, le pèlerinage est considéré comme accompli. Avant de quitter la Mecque, le pèlerin va faire un Tawaf dit Tawaf d’adieu.
Andé-paysdor : Quels sont les moments qui vous ont particulièrement marqué à la Mecque ?
EL HADJ BD : Toutes les étapes m’ont marqué en raison de leur caractère sacré et des efforts physiques et spirituels nécessaires pour les mener au mieux. Toutefois, l’étape d’Arafat reste la plus importante puisqu’elle est synonyme du Hadj et c’est là que toutes les prières adressées à Dieu sont exaucées.
Andé-paysdor : Quels sentiments vous animent à présent après avoir effectué le pèlerinage en cette année 2017 ?
EL HADJ BD : C’est un véritable sentiment de satisfaction d’avoir effectué ce Hadj dans la mesure où j’ai demandé à Dieu de m’en donner les moyens et la volonté spirituelle et Il l’a fait. J’ai effectué le Hadj pour ma défunte mère et il n’y a pas meilleure satisfaction que d’avoir pu l’effectuer à cause d’elle et pour elle. Je prie Dieu afin qu’Il rende facile le Hadj à tous les musulmans parce qu’il raffermit la foi, cultive chez l’homme l’humilité, la tolérance, la persévérance et le pardon.
Andé-paysdor : Vous êtes par ailleurs, Conseiller de la mutuelle pour le développement d’Andé. Depuis sa création jusqu’ à ce jour, quelles sont les actions majeures de la mutuelle qui ont retenu votre attention ?
EL HADJ BD : Au risque d’omettre certaines actions capitales de la MUDEVA sous la direction de l’Honorable Eugène ASSOUMOU et qui ont permis à Andé d’avoir son niveau actuel de développement, permettez-moi de ne parler que de l’année en cours (2016-2017). En plus des multiples actions de réconciliation et d’apaisement des cœurs entreprises et réussies par la MUDEVA, je noterai particulièrement la création d’un site WEB (ande-paysdor) et d’une page Facebook mis en place et animés par des fils d’Andé qui ont toutes les compétences en la matière. Cela a permis d’ouvrir Andé et même tout le Moronou à l’extérieur avec, à la date d’aujourd’hui environ 3500 visiteurs du site. J’en profite pour inviter toutes les andéennes et tous les andéens à s’y intéresser davantage, à se l’approprier en l’animant par des publications d’intérêt commun et en faisant sa promotion.
Andé-paysdor : Dans une récente interview, le Président actuel de la mutuelle a fait cas du manque de motivation des fils et filles d’Andé au coté de la MUDEVA. En votre qualité de conseiller, quelles sont vos suggestions pour éradiquer ce fait récurrent ?
EL HADJ BD : Ce constat du Président de la MUDEVA est une réalité qu’il faut gérer avec beaucoup de tact et de patience. A la création de la MUDEVA, le Président d’alors avait pu réunir environ 300 personnes au cours de certaines rencontres à Abidjan. Malheureusement, à un moment donné il avait même des difficultés pour réunir son bureau. A force de persévérer, il a pu remonter la pente. Une analyse des difficultés rencontrées a montré que les frères et sœurs d’Andé ont du mal à se dévêtir de leur manteau politique et de mettre entre parenthèse les adversités passées pour parler de développement, de fraternité et de concorde à Andé. C’est cela qu’il faut corriger par la sensibilisation, les discours rassembleurs et les projets à caractère fédérateur. La MUDEVA doit être ferme devant les injustices et le désordre et encourager, chaque fois que cela est nécessaire, toutes les initiatives positives. La MUDEVA doit s’impliquer à fonds dans la résolution des crises générationnelles qui secouent le village car les jeunes d’aujourd’hui seront la relève de demain. Ils doivent s’impliquer davantage dans les activités de la MUDEVA, comme nous l’avions fait avec Etinzan Club et l’ADEVA auprès de nos ainés de l’époque.
Andé-paysdor : Avec votre appui, la communauté musulmane a organisé dans le mois de mai dernier des assises pour renforcer la cohésion inter religieuse. Nous sommes à quelques mois après cela. Selon vous, la cohésion est elle une réalité à Andé présentement ?
EL HADJ BD : Je peux affirmer qu’après cette action qui a permis de réunir toutes les communautés religieuses existant à Andé, les cœurs se sont apaisés. C’était juste une opération de communication pour rétablir la vérité sur un certain nombre de fait et réaffirmer la volonté de la Communauté musulmane d’Andé de vivre en bonne et intelligente entente avec toutes les autres communautés religieuses. Après cette expérience, j’encourage toutes les structures à privilégier la concertation et la modération chaque fois qu’une crise commence à se déclencher. J’en profite pour remercier les chefs de ces 17 communautés religieuses qui ont répondu à cet appel et qui l’ont apprécié à sa juste valeur. Je remercie également le chef de tribu résident et le Sous-préfet pour leur rôle de facilitateurs.
Andé-paysdor : Avant de mettre un terme à notre entretien, quel est le message de cohésion sociale que vous avez à adresser aux fils et filles du Moronou et en particulier à ceux d’Andé ?
EL HADJ BD : Je voudrais dire à tous mes frères et sœurs d’Andé, du Moronou et du pays tout entier qu’aucun peuple ne peut prospérer dans l’injustice, la mésentente et le désordre. J’invite particulièrement les frères et sœurs d’Andé à unir leurs forces autour du Président de la MUDEVA, mon jeune frère Innocent KOFFI en le soutenant dans ses actions de développement, en lui donnant les conseils nécessaires et en lui apportant tout l’appui financier et matériel nécessaire pour la mise en œuvre de son plan d’action. C’est possible. Nous le pouvons.
Avant de vous quitter, je voudrais adresser toutes mes condoléances à la famille de notre frère Barthélémy KASSI KOUAME rappelé à Dieu. Il a été un grand Président de l’ADEVA et c’est avec amour et abnégation qu’il avait accepté d’être notre dirigeant. Que la terre lui soit légère.
Laissez-moi vous remercier, vous qui travaillez dans l’ombre pour le rayonnement d’Andé à travers le site WEB ande-paysdor. Je vous exhorte à maintenir le rythme et à œuvrer à une amélioration de ce site qui fait déjà la fierté du Moronou.
Andé-paysdor : Merci à vous.
EL HADJ BD : Je vous remercie.